LkSG : Les devoirs de diligence demeurent
La loi allemande sur le devoir de diligence dans la chaîne d'approvisionnement (Lieferkettensorgfaltspflichtengesetz, LkSG) est en vigueur depuis 2023, exigeant des grandes entreprises qu'elles identifient et atténuent systématiquement les risques liés aux droits de l'homme et à l'environnement dans leurs chaînes d'approvisionnement. Le ministère fédéral du travail et des affaires sociales (BMAS) vient de publier un projet de loi visant à modifier la LkSG, qui devrait s'appliquer rétroactivement à partir du 1er janvier 2023.
Le message principal : les obligations de déclaration seront supprimées, mais les obligations de diligence raisonnable resteront intactes. L'objectif est d'alléger la charge administrative des entreprises tout en maintenant leur responsabilité en matière de protection des personnes et de l'environnement.
Principaux éléments de l'amendement
1. Suppression de l'obligation de déclaration
Les entreprises ne seront plus tenues de publier des rapports annuels LkSG détaillant leurs analyses de risques, leurs mesures préventives et leurs résultats.
2. Les obligations de diligence raisonnable demeurent
Les obligations substantielles - analyse des risques, mise en œuvre de mesures préventives et correctives et mise en place de mécanismes de réclamation - restent en vigueur. Les entreprises doivent continuer à les mettre en œuvre, même si elles ne sont pas tenues de présenter un rapport officiel.
3. Limitation du champ d'application des sanctions
Les amendes ne s'appliqueront qu'en cas de violations graves, telles que l'absence de mesures préventives ou l'absence de procédure de réclamation. Une analyse de risque insuffisante ne sera plus directement sanctionnée.
4. La surveillance du BAFA se poursuit
L'Office fédéral de l'économie et du contrôle des exportations (BAFA) continuera à jouer le rôle d'autorité de surveillance. Il continuera à vérifier si les entreprises remplissent correctement leurs obligations de diligence en matière de droits de l'homme et d'environnement.
Contexte politique
L'amendement reflète le débat plus large de l'Allemagne sur la réduction de la bureaucratie et la sauvegarde de la compétitivité. Les associations d'entreprises avaient fait valoir que les obligations de déclaration imposaient des coûts élevés pour des avantages limités.
En même temps, la LkSG s'inscrit dans le cadre plus large de la directive européenne sur le devoir de diligence en matière de développement durable des entreprises (CSDDD), qui devra être transposée dans le droit national. La loi allemande modifiée est donc considérée comme une mesure transitoire jusqu'à ce que les exigences européennes soient finalisées.
Implications pour les entreprises
Allégement des obligations formelles
La suppression de l'obligation de déclaration réduit considérablement la charge de travail administratif. Selon les estimations, les entreprises pourraient économiser environ 4,1 millions d'euros par an en coûts de mise en conformité.
Responsabilité permanente
Malgré cet allègement, les entreprises restent soumises à des obligations de diligence raisonnable. Elles doivent continuer à évaluer les risques, à mettre en œuvre des mesures et à mettre en place des mécanismes de réclamation.
Risque d'atteinte à la réputation
Même en l'absence de publication obligatoire, les entreprises qui négligent leurs obligations s'exposent à des risques de réputation. La société civile, les médias ou les partenaires commerciaux peuvent toujours mettre en évidence des lacunes.
Pression sur la chaîne d'approvisionnement
De nombreux clients internationaux - en particulier les grands équipementiers - exigent des données ESG solides de la part de leurs fournisseurs, indépendamment de leurs obligations légales en matière d'information. Les entreprises qui ne sont pas en mesure d'assurer la transparence risquent de perdre des opportunités commerciales.
Pourquoi la gestion des risques liés à la chaîne d'approvisionnement conserve-t-elle une importance stratégique ?
Le projet supprime les rapports formels mais ne change rien à la réalité stratégique : la gestion des risques liés à la chaîne d'approvisionnement reste essentielle.
- Accès au financement: Les banques et les investisseurs exigent de plus en plus souvent des preuves des pratiques responsables de la chaîne d'approvisionnement dans le cadre de l'évaluation des risques ESG.
- Accès au marché: Les marchés publics et les clients internationaux exigent souvent des informations sur les critères ESG. Sans ces informations, les entreprises risquent l'exclusion.
- La résilience: Les entreprises qui connaissent leurs chaînes d'approvisionnement et gèrent activement les risques sont mieux protégées contre les perturbations, les crises ou les scandales.
- Réputation: Les pratiques responsables en matière de chaîne d'approvisionnement sont un facteur croissant de compétitivité, influençant les décisions d'achat et la confiance des investisseurs.
Perspective internationale
L'Allemagne n'est pas la seule à introduire de telles règles. D'autres juridictions proposent des exigences similaires :
- En France, la loi de vigilance exige des entreprises qu'elles fassent preuve de diligence raisonnable en matière de droits de l'homme.
- La loi norvégienne sur la transparence oblige les entreprises à divulguer les risques liés aux droits de l'homme.
- Les États-Unis ont mis en place des interdictions d'importation de produits liés au travail forcé.
Pour les entreprises actives à l'échelle mondiale, cela signifie que même en l'absence d'obligations allemandes en matière de rapports, les normes internationales et les attentes croissantes en matière d'ESG restent très pertinentes.
Perspectives
Le projet de BMAS devrait être approuvé par le Cabinet le 3 septembre 2025. Il devra ensuite passer par le Bundestag et le Bundesrat. Bien que certains amendements puissent être apportés, il est peu probable que des changements fondamentaux soient apportés.
À long terme, la loi allemande sera remplacée par la directive sur le blanchiment de capitaux, une fois qu'elle aura été finalisée au niveau de l'UE et transposée dans le droit national.
Conclusion
La modification prévue de la LkSG offre un allègement administratif mais n'équivaut pas à une déréglementation. Les obligations de diligence raisonnable restent inchangées et les entreprises sont toujours responsables de la gestion des droits de l'homme et des risques environnementaux dans leurs chaînes d'approvisionnement.
Pour les entreprises, cela signifie
- Moins de bureaucratie,
- Mais des attentes constantes en matière de gestion des risques, de mesures préventives et de transparence.
Ceux qui profiteront de cette phase de transition pour intégrer la gestion de la chaîne d'approvisionnement de manière stratégique seront non seulement préparés aux règles de l'UE, mais gagneront également en compétitivité, en résistance et en confiance.
Ressources
Votre centre de connaissances ESG
Consultez nos derniers guides et articles pour vous aider dans votre démarche de développement durable.

Commencez votre voyage vers le développement durable
Discutez avec nos experts pour comprendre comment Daato s'adapte à vos cas d'utilisation ESG.



